Publié dans la Revue des Archers, juin 2017
Extraits
Texte de Séverine é.

(...)
pour bien démarrer chaque matin
agrafer la date
et la guirlande de rituels
à la partie verte de l’éponge
assise au bord de l’évier
verte de l’éponge
(…)
pour ce qui est de l’hippopotame
tu ne le diras peut-être pas
pourtant tu n’y peux rien
il avait chaud soif
voulait se reposer
tu l’as découvert dans le tiroir
de la salle de bain
tranquille
oui ça ne se dit pas
pourtant dans le tiroir de la salle de bain
(…)
et s’il fallait tous ces canapés ces frigos ces fourchettes
et ces hippopotames
pour repeupler la forêt bleue
que tu as croisée ce matin-là
le chant des objets te gagne
pénètre tes muscles ta chair
et continue
jusqu’au jardin avec les grands fils à linge
et les mots qui claquent au vent
claquent
le chant des objets court en haut de la colline
même pas essoufflé
tu stoppes net
là maintenant
et les oiseaux s’engouffrent dans la faille
tu trembles
le plaisir dans ta peau ta chair
te saisit
(…)
mardi aujourd’hui mardi
avec deux tranches de jambon sous l’oreiller
tu n’y crois plus
oui oui oui
les autres t’encouragent
mais quand la langue avance au-delà
de ton propre de-là
quand les yeux plein d’étoiles
continuent d’errer contre le mur en béton
(…)
marcher à l’heure
penser bien droit
écrire sans dépasser
pour réussir le regard des autres
rendre un bon coloriage
pas de réponse dans le tiroir
pas de GPS
pour ce chemin-là
(…)
tu te prends souvent les pieds dans l’agenda
le calendrier
tu aimes cette précieuse
très précieuse maladie
avec la porte du frigo et les histoires sous la cafetière
et quand la forêt te ferme la porte au nez
tu restes debout avec la force
(...)